Rev. archéol. Ouest, 16, 1999, p. 195-207.
LE SEL A L'AGE DU FER : RÉFLEXIONS SUR LA PRODUCTION
ET LES ENJEUX ÉCONOMIQUES
Mahe-Yvane DAIRE*
Le sel, produit vital pour l'homme et les animaux, est également un agent de conservation des alimentations carnées (viandes, poissons, mais aussi fromages).
Les principales sources d'approvisionnement en sel exploitées pendant la Protohistoire, sont d'une part, les mines de sel gemme et d'autre part les eaux salées, exploitées par des méthodes dites « ignigènes » ou « ignifères », qu'il s'agisse de sources (Pologne, Lorraine, Angleterre) ou de l'eau de mer (côtes de la Manche et de l'Atlantique). Les récentes recherches menées sur ce dernier type d'exploitation, connue sous le nom d'installations de briquetages ou encore d'ateliers de bouilleurs de sel ont nettement fait progresser les connaissances, tant dans l'Ouest de la France (Bretagne) que dans le Nord-Ouest (Baie de Somme). A partir des données archéologiques, confrontées aux données historiques et aux textes disponibles, il s'agit ici de situer cette activité dans le contexte économique de l'Age du Fer, et de livrer quelques réflexions sur la nature de la production, ses fluctuations et les enjeux économiques liés au sel au cours de l'Age du Fer.
La production de sel à l'Age du Fer
1 - Les modes de production
(fig. 1)
Le sel est présent sur la planète sous diverses formes, qu'il s'agisse du sel océanique ou du sel continental ; dans le premier cas, les principaux modes d'exploitation du sel contenu dans l'eau de mer sont la méthode ignigène (briquetages, « bouillage » jusqu'à la cristallisation) et la récolte dans les marais salants (évaporation « naturelle », cristallisation, récolte) ; quant au sel continental, il est exploité sous ses diverses formes selon des processus diversifiés selon les régions et les époques : sources salées (méthodes ignigènes, briquetages), gisements de sel gemme (mines), terres salées (lixiviation ; voir par exemple au Niger ou au Mexique), traitement du sel végétal (Nouvelle Guinée) ou des tourbes et cendres salées (Zélande, Frise)... Dans son « Histoire naturelle », Pline (XXXI) traite assez longuement des diverses espèces de sel, « natif ou factice », et des manières de l'extraire, mais, d'une part, en s'intéressant principalement
* UMR 6566 « Civilisations atlantiques et archéosciences », RENNES.
Manuscrit reçu le 21/06/1999, accepté le 03/09/1999.
